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Quand tu fais le malpoli, mais pas pour toi

Publié le par Diluvien

Quand tu fais le malpoli, mais pas pour toi

Alors je vais vous la faire courte, puisqu'il faut éviter les textes trop longs,

Vous êtes à table, l'ambiance est sympa et tout le monde rigole bien. Arrive alors un plat qui amène au silence. Parce que là je vous parle DU plat, celui qui impressionne, celui dont rien que l'apparence arrive à faire saliver la quinzaine de convives de ce pourtant très généreux festin bien avancé. Mais même ceux qui n'ont plus très faim reprennent de l'appétit en rêvant des saveurs à venir fantasmées à la vue de l'immense plateau qui est maintenant entreposé par deux serveurs au milieu de la table, entouré de petit bruit de stupeur ou de commentaires d'admiration ("Oh !", "Superbe !"). Digne d'une oeuvre d'art, emplit de couleurs variées qui dessinent une mer entière de crudités et de sauces entourant les acteurs principaux que sont les homards, les écrevisses, les huitres et autres bonheurs venant de la mer.

Seulement, au-delà de son aspect magnifique, chaque convive a déjà remarquer un détail : il n'y a que deux petites tomates. Cela sert l'oeuvre, en plein milieu, représentant à merveille les deux yeux d'un Poséidon imagé jusque dans le détail de son trident, tout de crevettes figuré. Et là, l'ambiance devient moins sympa.

Parce qu'au milieu des oeufs, de la mayo, des salades variées aussi bien de carottes que de poivrons, etc... Une petite tomate apporte tout pleins de fraîcheurs. En tout cas c'est ce que se dit quasiment instantanément chacune des personnes présentes. Mais s'il n'y avait eu que deux oeufs durs soyez bien assuré que c'est cet élément qui aurait totalement paru indispensable, mais bon dans le cas présent il y en a bien plus qu'il n'en faut pour chacun, alors on les ignore presque.

Situation difficile... Jusqu'à maintenant les plats avaient été servis directement dans les assiettes. Mais dans le cas présent les serveurs sont repartis en laissant deux cuillères à chacun des quatres angles du plat. Les regards, concentrés juste avant sur les aliments, se croisent maintenant avec gêne. Le silence est retombé. Quelqu'un doit le couper. En temps normal cela devrait venir de l'hôte, mais il s'agit ici d'un repas remporté lors d'un concours radio : personne ne se connaît et personne ne représentant ni la radio, ni l'organisation du concours n'est présent.

Deux personnes se lèvent, une femme et un homme, chacun à une extrémité de la table. Ils prononcent simultanément " Allez je commence par qui ?" pour l'une / "Eh bien il faut bien que quelqu'un commence !" pour l'autre.

Ils se jettent un regard, personne ne parle. Le rare mouvement vient d'une femme poussant son mari du coude sous la table, ce dernier ayant bien compris qu'elle souhaite une tomate, mais ils sont en milieu de tables ! Il transpire. Les deux petites choses rouges tant convoitées sont là, juste devant lui, mais les couverts sont loins. Ils se font remarquer, quelques regards se jettent sur eux. Surtout qu'ils n'ont parlé qu'entre eux depuis le début du repas. Allant jusqu'à trinquer à deux et à rire ouvertement de leurs plaisanteries parfois murmurés et dont certains soupçonnent que cela concernent certains d'entre eux (appelé les paranos, ils se moquaient en réalité d'un professeur de leur petit dernier). Il se nomment Marie et Jacques.

Le permier homme sert une femme à sa droite, il est venu seul et avait bien engagé la conversation avec le couple qu'elle compose avec l'homme venant encore à droite. Il les sert généreusement et va bien prendre quelques aliments vers le milieu, mais n'ose approcher une tomate tels les regards qui pèsent sur lui sont lourds de sens.

La femme a servi une dame à sa droite et sert maintenant son époux. Elle ne va même pas au centre, en préférant se concentrer sur quelques aliments et faire des compositions homogènes, prétextant que l'on se resservirait de toute façon et qu'il était plus sympa de ne pas tout mélanger, tout en laissant encore apparaître encore un peu une partie du dessin, ce dont ceux qui l'entoure conviennent.

Alors, à cet instant précis où nous allons faire une pause sur image, Jacques vient de se lever et d'aller quérir deux cuillères à trois places de distance de la sienne pour remplir l'assiette. Il l'a déjà garnie de quasiment un de chacun des éléments qui composent le plateau, ce qui fait qu'elle déborde et qu'au passage il a même tachée l'épaule d'une convive qui ne s'en est pas aperçut (son mari oui, mais il trouve que Jacques a l'air d'un mec sûr de lui et ne veut pas provoquer d'esclandre à risque), ET vient juste de placer la cuillère sous l'une des tomates ! Tous les regards sont sur lui ! "Incroyable", pensent certains, "Quelle honte", pense le mari dont la femme a été tachée, "Quel courage, que je l'aime", pense sa compagne Marie.

Tel l'homme sur l'image imageant ce post, qui vient avec sa hache découper une partie du corps, la meilleure apparemment, de l'animal exposé au centre de la scène. Sous le regard héberlué de l'homme et la femme coupant délicatement des parties moins nobles. Quand les autres spectateurs font mine de ne rien voir, mais semblent en discuter entre eux et comploter, sauf celui qui regarde tout cela amusé par un bout de porte au fond, certainement celui pour qui l'autre va prétexter d'aller chercher à manger, qui représente la Marie de notre scène à nous.

Alors voilà, la tragédie avance, Jacques n'a plus qu'un choix : confirmer son geste ou reposer la tomate. Mais son acte a réveillé les plus bas instincts de chacun et, sans qu'il ait eu le temps de réagir, un autre mari s'est levé du milieu de table, juste en face de lui, et a piqué l'autre tomate directement de sa fourchette. D'un geste direct et clair.

Mais Jacques sauve la situation, de façon héroïque et intelligente en regardant sa femme et en s'écriant "Tu vois ma chérie, toi qui avait si peur et qui refusait absolument que je te serve une tomate souhaitant la laissé à d'autres, personne autour de cette table ne peux t'en vouloir. A la rigueur ils pourront me reprocher l'amour que j'ai pour toi"...

Et voilà ! BAM ! CQFD ! Quand c'est pour quelqu'un d'autres, il n'y a pas de gêne, tu peux faire ce que tu veux. C'est pour ça qu'on a une vie basée sur le couple !

                                                                                                               Diluvien

 

 

 

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